Des champions du nucléaire Jacques Cheminade ou François Fillon, aux adeptes du scénario Négawatt Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, en passant par le très précautionneux Emmanuel Macron, la transition énergétique est sans doute l’un des sujets les plus clivants de la campagne.
L’unanimité post COP21 a volé en éclats dans la classe politique. Globalement, les candidats à l’élection présidentielle en acceptent les conclusions et – contrairement au mouvement opéré outre-Atlantique – aucun ne remet en cause la longue marche devant conduire à une société plus sobre en énergie fossile. Les modalités opérationnelles restent en revanche très débattues. On se souvient que la loi transition énergétique avait déclenché de nombreuses passes d’armes entre la majorité et l’opposition. En 2017, la hache de guerre est loin d’être enterrée et des nuances nouvelles s’expriment chez les uns et les autres : certains veulent tout remettre à plat, d’autres aller plus loin pour sortir à la fois du carbone et de l’atome. Pas sûr que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) passe l’année en l’état.
Le plus légitimiste des candidats est sans conteste Emmanuel Macron qui assume à la fois les objectifs qui ont été définis et la méthode. Pour donner de la visibilité à la filière renouvelable, le candidat promet de publier dès cette année un calendrier des appels d’offres qui seront lancés pendant le quinquennat. Dans l’attente d’un avis de l’Autorité de sûreté nucléaire sur la capacité des centrales à prolonger leur activité au-delà de quarante ans, il ne donne en revanche aucune indication sur l’éventuelle fermeture de réacteurs sans laquelle la production d’électricité nucléaire ne pourra être plafonnée à 50 % en 2025 comme le prévoit la loi. Problème : cette stratégie atteint ses limites. Il semble plus que temps de prendre des décisions, ou de revenir sur les objectifs fixés ! A contrario, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon assument la loi jusqu’au bout et considèrent que le grand carénage permettant de prolonger la vie des centrales (et dont le coût est pour le moment estimé à 100 milliards d'euros) n’a pas lieu d’être. Plusieurs réacteurs entrés en activité à la fin des années 70 et au début des années 80 pourraient ainsi cesser de produire des électrons pendant le quinquennat à venir.
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
Chez les "petits" candidats, Jean Lassalle est moins précis : "les forces conjuguées du soleil et des marées sont susceptibles de produire autant d’énergie que le pétrole, et de se substituer au nucléaire", veut-il croire. François Asselineau promet quant à lui un (énième) grand débat national, mais surtout un référendum sur l’avenir du nucléaire. Entre les lignes, Nathalie Artaud semble en revanche se ranger au côté des syndicats prêts à défendre coûte que coûte les installations existantes : "le principal danger du nucléaire ne réside pas dans la technique elle-même mais, comme Fukushima l’a montré, dans l’irresponsabilité des entreprises qui la mettent en œuvre [et qui] sont prêtes à économiser sur la sécurité pour augmenter leurs profits", regrette-t-elle. Dans un programme étoffé, Jacques Cheminade dénonce enfin "l’illusion romantique d’une société à risque zéro". Il propose une reprise en main publique de la filière et à terme, une exploitation des "produits intéressants dont dispose la Lune" pour succéder à l’uranium (comme l’hélium-3). Parallèlement, il veut un "moratoire sur les subventions aux énergies dites renouvelables"
De son côté, François Fillon compte bien ménager la chèvre et le chou en maintenant l’activité des centrales nucléaires existantes et en développant les énergies renouvelables (avec notamment une puissance garantie de 1,5 GW/an pour les appels d’offres gérés par la Commission de régulation de l’énergie). Il fait ainsi le pari que malgré que malgré les efforts consentis pour réduire la consommation dans le bâtiment ou l’industrie, il faudra produire toujours plus d’électricité pour accompagner la décarbonation du secteur des transports… Une stratégie qui correspond aussi à celle de Marine Le Pen dont le conseiller Philippe Murer n’imagine pas les réacteurs nucléaires s’arrêter avant d’avoir atteint 60 ans et qui, côté mobilité, mise tout sur des piles à combustible alimentées par de l’hydrogène obtenu grâce à de l’électricité.
Reste que chacun devra gérer ses contradictions. À part l’éolien, technologie pour laquelle elle souhaite un moratoire, Marine Le Pen entend par exemple "développer massivement" les renouvelables comme le solaire, le biogaz ou le bois, sauf que leur essor passe a priori par des initiatives encouragées localement, ce que le Front national ne semble pas apprécier. "Je ne crois pas à une vision régionale des politiques de l'énergie car la décentralisation a toujours créé en France des féodalités néfastes pour le peuple", lançait Philippe Mürer lors d’un débat organisé par la Fabrique écologique le 23 février. François Fillon qui, en assumant la poursuite du nucléaire, prétend être le candidat le plus sérieux pour atteindre les objectifs de la COP21 se garde bien quant à lui de rappeler à l’ordre les parlementaires républicains les plus tolérants avec les énergies fossiles. Dernier épisode en date, son conseiller spécial Jérôme Chartier a déclaré mardi 28 mars vouloir relancer les explorations pétrolières au large de la Guyane et expérimenter l’exploitation des gaz de schiste. Personne n’a oublié enfin que le ministre de l’Économie Emmanuel Macron n’avait pas hésité à distribuer quelques permis de recherche d’hydrocarbures non conventionnels et à défendre avec vigueur l’avenir des gaz de houille.
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